Pour sa 6ème édition, la Fête de la mer accueille un événement intitulé Sea you soon qui associe art contemporain et monde maritime. Welchrome déploie, à l’intérieur même du périmètre de la fête, trois containers dont les artistes investissent le volume intérieur et les abords immédiats par des installations de grande ampleur. Welchrome entend confronter à travers cet événement le regard de jeunes artistes au patrimoine maritime. Les artistes de Sea you soon puisent en effet dans la tradition artistique pour proposer un dialogue avec l’élément marin fait de spiritualité, de contemplation et d’étonnement. Ancrée dans le monde contemporain, la vision de la mer des artistes se veut également le reflet des peurs et des fantasmes qu’alimentent une mondialisation et un consumérisme de plus en plus irraisonnés. Avec Sea you soon, les containers ne sont plus seulement les parfaits véhicules des produits de la société contemporaine. Ils deviennent également des structures habitées par des artistes pour donner du sens et tisser du lien.
Interventions artistiques
Aurélien Maillard (né en 1976, vit et travaille à Boulogne-sur-mer) propose une relecture contemporaine du retable, entre objet cultuel et élément de mobilier urbain. Cet objet sculptural imposant est placé à l’extérieur des containers, exposé au regard de tous. Il porte sur ses faces internes traitées avec une couleur rouge pop des motifs de poissons et de coquillages, prélévés dans un retable de Pierre Paul Rubens consacré à l’épisode biblique de la Pêche Miraculeuse. L’artiste investit également l’intérieur d’un container en faisant apparaître à la lumière noire des créatures abyssales mystérieuses et fascinantes.
Alfonse Dagada (né en 1981, vit et travaille à Calais) intervient à l’intérieur d’un deuxième container en dessinant de son trait incisif et coloré un wall drawing proliférant qui déborde vers l’extérieur. Réalisé principalement au crayon de couleur et à l’encre, ce dessin spectaculaire par ses dimensions représente une coulée de créatures marines à la fois séduisantes et repoussantes. Ces poissons et autres mollusques se déversent sur des éléments construits comme des maisons ou des meubles. Ce « tsunami nourricier » incarne l’ambivalence de l’élément marin, synonyme de ressources mais aussi de dangers.
Face à ce wall-drawing dans le même container, Paul Martin (né en 1981, vit et travaille à Calais) expose une série de peintures sur papier réalisées d’après des cartes postales anciennes représentant des matelots et des matelotes du boulonnais. Cette série intitulée « Nos belles régions de France » réinterprète – non sans ironie – des personnages stéréotypés en costume traditionnel. Il interroge dans un traitement gestuel résolument contemporain le rapport que nous entretenons avec cette imagerie identitaire. Entre nostalgie et sarcasme, Paul Martin s’amuse de la vigueur d’une tendance conservatrice, au moment où les frontières tendent à s’effacer.
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